2024 marque le quarante-cinquième anniversaire de l'acmé du postpunk. Mais n'oublions pas que la new wave, et ses tubes imparables, était alors omniprésente.
Mettons donc de côté le postpunk arty et austère. Nombreux artistes ayant commencé avant/avec l'explosion punk et qui constituèrent la nouvelle vague cueillirent cette année-là le fruit de leur effort ou simplement bénéficièrent de l'air du temps.
Pourtant, passés une poignée de têtes d'affiche à la longue carrière protéiforme, pour ce côté de la Manche, il s'agit quasi exclusivement d'une périphérie avec des formations secondaires ou dispensables. La littérature francophone ne les évoquant qu'en fin de chapitre, parmi les inclassables ou autres ovnis musicaux.
Après avoir abordé le sujet avec les dits angry young men, poursuivons sur les expressions masculines dans l’après-punk, comme précédemment avec les féminines.
Rassemblons ici quelques idées sur différentes catégories d’hommes de la new wave, new pop et du new romantism.
Dans le sillage du punk, subsistent plusieurs figures de rébellion masculine du rock, qui s'étaient déjà mis en scène en opposition au féminin :
• le misogyne bileux et violent
• le soldat et ses frères d'armes
• le nerd avec des ambitions artistiques
le poète romantique et junkie
Le post-modernisme appelant à la parodie, l'aliénation fut surjouée via des personnages cliniques allant du psychopathe au technocrate, cassant l'utopie contre-culturelle pop.
Plusieurs dandys élégants avec un penchant pour le glam et le théâtre de revue présentèrent de de nouvelles images de la masculinité faite de pose et de narcissisme. Voici quelques stratégies :
mythification avec des archétypes héroïques d'un autre temps
déshumanisation froide par des extraterrestres ou des machines androgynes
ascension sociale de playboys plein d'assurance
brouillage des genres avec une saturation cosmétique
sortie du placard avec de la provocation camp
Ces étranges explorations ne durèrent que quelques années. Et leurs questionnements des rôles ou des représentions conventionnelles du genre masculin seulement effleurés dans le cadre de performance divertissante.
« Angry young men » désignait à l’origine une nouvelle génération de dramaturges et de romanciers britanniques dans les années 50, caractérisés notamment par un réalisme désabusé. Puis le terme fut rattaché au courant cinématographique de la « british new wave », avec ses héros de la classe ouvrière et ses thèmes de gauche.
L'étiquette ressurgit fin des années 70 lors de la new wave, cette fois musicale, pour désigner Elvis Costello, Joe Jackson et Graham Parker.
Avec des paroles acerbes et sardoniques, et une verbosité qui semblait
être le fruit d’une arrogance présomptueuse.
D'autres de l'époque auraient pu également gagner le qualificatif, comme par exemple Paul Weller.
Rapidement, tous s'éloignèrent de la power pop vers différents styles musicaux, certains plus vraiment « new wave » comme le revival swing ou la country de Nashville.
A noter qu'en 1982-83 à l'ère de new pop, moins jeunes et moins en colère, ils sortirent leurs plus gros tubes.
Le jeune homme en colère, en tant qu'archétype de fictions
d'après-guerre, servit d'antidote à la masculinité traditionnelle dans
le littérature. Il substituait aux qualités masculines (force,
pouvoir ou fortune), des sentiments féminins, comme la colère
ou la frustration d'être mis à l'écart par les règles de la société.
Initialement, il était un anti-héro ouvrier qui remettaient en cause les ordres établis, mais sur une fracture générationnelle bien plus qu'une lutte de classe. Avec la contre-culture, il devint agent de protestation politique qui exprime une rage légitime. Mais depuis le contrecoup, il est présenté, au mieux comme une victime psychologiquement endommagé, au pire comme un dangereux sociopathe.