03/03/2014

Système D

Le concept de DIY n'est pas vraiment une idée nouvelle. Les antécédents notables remontent au garage, au mod, mais surtout au skiffle. Issu d'un revival jazz à la fin des années 50, ce mouvement populaire était largement composé d'amateurs jouant sur des instruments bricolés ou improvisés, et fut le détonateur de l'explosion de la beat music.

Le punk réactiva cette attitude et conviction que tout le monde peut faire de la musique.


Sorti en janvier 77 sur leur propre label, Spiral Scratch des Buzzocks fut probablement l'un des disques les plus importants du punk. Dans son sillage apparurent rapidement des centaines de groupes qui adoptèrent la tactique « do it yourself / release it youself ». Les Desperate Bicycles en étaient les plus fervents évangélistes, avec un discours proche de l'opposition situationniste au spectacle.


Leurs notes de pochettes participèrent à la démystification du processus de production, et leur cri de ralliement « It was easy, it was cheap : go and do it! » fédéra des régiments disparates de formation DIY, dont nombreuses figures de proue du postpunk : Swell Maps, Scritti Politti, Young Marble Giants ou des pionniers comme Thomas Leer ou Daniel Miller …


L'idée-clé du DIY dans son contexte original était clairement politique, textuellement et factuellement. Il se présentait comme un impératif moral, alors permis matériellement par l'émergence de technologies plus abordables. Au delà de ces avant-gardes se trouve un vaste arrière-pays de DIY britannique ; tout un underground fait de pochettes photocopiées, étiquettes tamponnées, sifflements de 2-pistes saturés, bourdonnement de bandes magnétiques détériorées. Ses hérauts se nomment O Level, Scrotum Poles, Instant Automatons, Thin Yoghurts, Danny & The Dressmakers ou encore The Homosexuals.

Depuis quelques années maintenant des archivistes creusent dans ce secteur et publient une grande quantité de compilations, malgré le nombre parfois très limité des pressages originaux et la nature périssable des sources d'enregistrement, parfois sorties uniquement sur cassette. L'imposante série de bootlegs Messthetics proposé par Hyped to Death en est la porte d'entrée principale.


Chuck Warner, fondateur et responsable du catalogue, insiste sur la distinction taxonomique entre postpunk et DIY pour des raisons plus pratiques qu'historiques. Alors que le postpunk se présente comme une différenciation et un dépassement du punk, le DIY se définit par la réduction des coûts de production pour enregistrer le moins cher et le plus vite possible. Le terme lui permet aussi d'éliminer l'association du postpunk avec un gros budget, une production ampoulée, des égos pesants, et ce truc affreux qu'est le goth (sic).

Tous ces compilations ne correspondent pas vraiment au messthetisme au sens Scrit', un très grand nombre de ces groupes penchent plutôt pour une punk-pop joyeusement décousue.







Souces / pour appronfondir :

Simon Reynolds, An update on DIY
Bob Stanley, Birth of the Uncool

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