19/07/2014

Froidement vague

A la fin 1977, l'hebdomadaire Sounds tenta de regrouper les nouvelles idées musicales de l'époque dans un dossier courant sur deux semaines intitulé « new musick ». Les interviews et articles se focalisèrent sur ce qui sera plus tard connu sous le nom de « industrial » ou « postpunk ».

Jon Savage, Vivien Goldman et Sandy Robertson y promurent les déconstructions musicales ouvertement expérimentales et radicales de groupes comme Devo, Throbbing Gristle, Pere Ubu, Siouxsie & The Banshees, The Slits et Wire.

Dans son introduction/manifeste, Savage présenta la new musick comme un antidote à la stagnation du punk. Il y vit des manœuvres post-punk décisives qui allait bien plus loin que les racines garage restreintes du punk : textures subliminales, son sensurround, grattements urbains, bruit blanc contrôlé et percussions massivement accentuées.


Le premier numéro (26 novembre 1977) avec en couverture Kraftwerk fut sous-titré « the cold wave » du fait des sonorités frisquettes des allemands. DJ Food détaille un peu plus ici le contenu de ce numéro dont voici la bande son :






Ce versant industriel et dystopique du post-punk, cette assimilation de l'électronique dans la pop, se poursuivirent ensuite chez des jeunes punks préférant triturer des synthés, des magnétophones ou des boites-à-rythmes rudimentaires : The Normal, Cabaret Voltaire, Human League et la scène de Sheffield. Les vagues indus suivantes prirent ensuite le relais, avec leurs étendues bruitistes abstraites et leurs rythmes métronomiques teutonisants.


Dans le second numéro (3 décembre 1977), Vivien Goldman fit de Siouxsie Sioux la tête de file de cette vague froide, « the ice queen » du fait de son attitude individualiste et froide. Les Banshees (membres certifiés de l'avant-garde de la new wave) n'étaient alors encore qu'un groupe de scène. Leur première peel session sera diffusée deux jours plus tard.

Cette posture distanciée séduisit entre autres Yves Adrien de Rock'n'Folk qui la cristallisa dans ses articles sur l'after-punk, ainsi que dans son roman NovöVision. Son influence pourrait expliquer l'habituelle perception francophone du post-punk comme une musak froide pour branchés, et non comme une musique pop d'avant-garde.



Mise à jour 09/01/2017

2 commentaires:

  1. Je vois que vous avez bien lu l'article du wikipedia anglais sur la cold wave.
    Remarque sur "les Banshees n'avaient poutant enregistré qu'une peel session diffusée deux jours plus tard". Lol, les Banshees avaient déjà joué 2 titres en octobre 1977 à la télévision dans l'émission de Tony Wilson "So it goes" sur Granada ITV. Et les Banshees avaient déjà donné beaucoup de concerts avant cela: qui plus est, les jounalistes comme Vivien Goldman et Jon Savage allaient aux concerts, ils sortaient de chez eux le soir, incroyables non !!!!

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    1. Ravi que mes petites notes de lecture intéressent un fan des Banshees.

      J'en ai profité pour reformuler.

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